bataille de Monthermé

 

L’histoire retient la percée de SEDAN, et les ponts de bateaux de DONCHERY et WADELINCOURT, mais relègue au second plan les percées de MONTHERME et DINANT en Belgique.

En mars 2018, notre sortie nous a amenés à la découverte des lieux de la percée de MONTHERME, guidés par Jacques PARENT, qui, quelques jours plus tôt, lors d'une conférence, a donné des explications détaillées sur cet évènement à une quarantaine d'auditeurs  très intéressés.

  

 

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    Au fond, notre ami Michel SIMON, reporter de L'ARDENNAIS, préparait un reportage sur la conférence de Jacques PARENT. Nous regrettons sa  disparition brutale, quelques jours plus tard.

  

     

Depuis la fin de la première guerre mondiale, la défense de la France repose sur la LIGNE MAGINOT, secteur frontière des ALPES, barrage aux velléités des fascistes italiens et  secteur NORD EST, de la frontière suisse  aux Ardennes.

L’alliance  franco-britannique et la neutralité de la Belgique font de la frontière franco-belge un rempart. Curieusement, les ARDENNES déclarées INFRANCHISSABLES pour leur forêt très dense n’avaient pas de fortifications sérieuses si ce n’est la MEUSE. Il est incroyable que notre Etat-major, bien que conscient qu’une nouvelle guerre se préparait, le traité de VERSAILLES et l’annexion de la RHUR en étant les éléments déclencheurs, pouvait penser que les Allemands ne pourraient passer au même endroit qu’à la  guerre précédente !

Le 8 Mai 1940 les troupes allemandes passent les frontières hollandaise, belge et luxembourgeoise, en réalisant  une attaque fulgurante et massive sur le nord de la Belgique et les Pays-Bas, obligeant les troupes franco-britanniques à pénétrer profondément en Belgique, délaissant quelques peu leur flan droit. Cet état de fait prévu  par les Allemands permet d’effectuer  les percées sur DINANT MONTHERME et SEDAN et d’arriver par le sud derrière les troupes franco-britanniques et réaliser leur encerclement.

Dès le 7 mai 1940, un avion de reconnaissance avait signalé une colonne de plus de 150 km en SARRE, interprétée par l’état-major comme des manœuvres.

                                           Plan d’attaque de la VI° Panzer du Général KEMPF    (source : Combats en Ardenne)

 

La VI° PZ aura parcouru 150 km dans la journée du 11 mai 1940 sans aucune perte, pas  d’attaque aérienne ni d’artillerie, alors que pour gagner du temps KEMPF avait ordonné de réduire les distances de sécurité entre ses 400 véhicules, ce qui représente plus de 120 km de convoi. Seul un énorme puits de mine coupe la route de HARGNIES. Qu’importe, il s’engage à WILLERZIE par la route forestière, et s’arrête à la ferme de MAROTEL pour la nuit. L’artillerie française, située entre les MAZURES et  MELLIER FONTAINE, dont un tir  le 13 mai touchera le clocher de l’église d’HARGNIES, est à portée de tir. Curieusement elle ne tire pas un seul obus sur la concentration de véhicules de MARTOTEL : La VI° PZ aurait pu y subir d’énormes pertes.

Dans la nuit le lieutenant-colonel HOFER, adjoint du Général KEMPF, fait réaliser un chemin de rondins sur  plus de 600 m, dans une partie marécageuse située avant les VIEUX MOULINS DE THILAY : ces rondins étaient là depuis un certain temps, la sapinière avait été exploitée par une entreprise luxembourgeoise  adjudicataire.

 

le pont de Monthermé 12- 13 mai

Le 12 mai 1940 vers 6 H 30, le pont de Monthermé est passé par les dernières troupes françaises de la rive droite ; les habitants de cette rive droite avaient reçu l’ordre d’évacuation la veille, vers 4 h 30.  Le 2° bataillon de la 42° demi-brigade composée de mitrailleurs malgaches et de réservistes du Sud-Ouest, commandé par le Lieutenant Colonel PINSUN et le Commandant VERDIER, chargés de la défense de Monthermé, fait sauter le pont à 7h : il s’effondre dans la MEUSE par son centre: la pile centrale du pont est pratiquement intacte, le tablier, coupé en son centre, est immergé.

Vers 17 h le dernier train en provenance de GIVET passe le pont de service à CHATEAU REGNAULT. Ce pont saute à 21 h, toutefois les rails et traverses restent suspendus.

Le 13 mai 1940 à 7 h l’observatoire du bois ROMA signale une colonne de 200 véhicules sur la route d’HARGNIES, à 8 h 30 une Compagnie hippomobile d’artillerie du 391° RA ouvre le feu avec ses 75 et 150, seul un semi chenillé KRAFTWAGEN est touché de plein fouet .Les artilleurs constatent que les couvercles de nombreuses caisses d’obus sont vissées au lieu d’être clouées et sont donc difficiles à ouvrir en absence d’outils adéquats, de plus des fusées de mise à feu sont manquantes

 

passage de la Meuse par l’infanterie allemande.

            

Les troupes allemandes se regroupent à l’Enveloppe, plateforme de l’auberge la ROCHE à SEPT HEURES, qui surplombe l’isthme de MONTHERME, mais ne décèlent pas la présence des fortifications de MONTHERME. Hofer s’étonne de n’essuyer aucun tir d’armes automatiques, lorsqu’il envoie ses fusiliers dans les éboulis dépourvus de végétation, vestiges des anciennes carrières d’ardoise qui surplombent la Meuse.

 

       

                                                                 vues vers le Sud,depuis l'Enveloppe
            vers l'amont et les 4 Fils Aymon                                              vers l'aval et Deville     

 

Vers 11 h un avion allemand d’observation FIESELER vient survoler la zone en plongeant vers la rivière, et essuie quelques rafales, ce qui  permet à HOFER de situer quelques mitrailleuses.

 

                                                      PLAN FORTIFICATIONS DE MONTHERME (source Combat en ARDENNE)

A 11 h 30 l’Enveloppe subit des tirs d'artillerie française, pendant que les troupes du génie allemand acheminent des pneumatiques gonflés prêts à l’emploi, des poutres et bastaings vers le sommet de la ROVA.

Une attaque de STUKAS a lieu dans le même temps sans causer de dégâts aux défenses françaises, si ce n’est quelques fils de communications téléphoniques coupés.

Vers 16 h, l’artillerie allemande mise en batterie se déchaîne sur Monthermé, la fumée des explosions cache, aux yeux des défenses françaises situées au niveau de la Meuse, les fusiliers allemands  parvenus en bas des éboulis, non loin de la Meuse. A 16 h 30 les sapeurs allemands s’élancent avec les pneumatiques et les sacs flotteurs dans la rue Edgard QUINET en face du pont détruit où ils sont mitraillés par le poste du Sergent LATOUR en surplomb et enfilade du pont.

 

                             Ruelle Edgard Quinet aujourd'hui

                                              

HOFER fait descendre 3 chars protégés par les bâtiments : l’un deux détruit le poste de tir du Sgt LATOUR et met le feu au quartier.

                                                                                             photo allemande du premier blindé

 Une tentative de destruction de la culée de pont restée attachée à la berge  rive gauche par une équipe de sapeurs du 3° génie appelée en renfort, dont faisait partie le réserviste douanier HIMBERT des HAUTS BUTTES, échoue. Ils sont surpris et capturés par les premiers pneumatiques, (visibles à gauche le long de la berge). La travée rive gauche reste attachée à la culée du pont.

A 17 H 30 les premiers sacs flotteurs lancés en amont du pont dérivent et sont arrêtés par les structures semi immergées du pont, permettant  avec les pneumatiques qui suivaient, de créer une passerelle à l’abri de la pile du pont.

                                                                                                                           photo allemande de la première passerelle

Une Compagnie traverse an aval du pont et une autre en amont (en face del’actuelle salle des fêtes). Les 6 mortiers FABRI datant de 14/18 du bois HUTIN ne peuvent atteindre le secteur du pont,  leur portée n’étant que de 3 km. Une  tête de pont est ainsi réalisée.

Les Allemands se lancent aussitôt à l’assaut du « PETIT PAIN » nom qu’ils ont donné au sommet de l’isthme qui, à l’époque, était dépourvu d’arbres, et entièrement cultivé.

Les maisons et fortins de la première ligne sont neutralisés l’un après l’autre.

                                                                          Photo Allemande de l’assaut du Petit Pain

                                                                  

VISITE GUIDEE par Jacques PARENT au départ de la Roche à 7 heures. (L'Enveloppe)

 

                                                                                                 Information avant le départ

    Pendant la drôle de guerre, le Commandant VERDIER, en fin stratège, a pris l’initiative de renforcer les défenses existantes, à l’insu de sa hiérarchie, en créant des lignes de défense successives utilisant la topographie des lieux.

Sur le plan  figurent les ouvrages MOM (Main d’Ouvre Militaire) construits avec des matériaux locaux, ainsi que les ouvrages BARBEYRAC plus résistants, mais vulnérables par l’arrière par manque de système de ventilation efficace, et  les tourelles de mitrailleuses STG de part et d’autre de l’isthme au dessus des parois verticales surplombant la Meuse côté DEVILLE et CHATEAU REGNAULT                                         
                                                                            

plan des défenses de l'isthme de Monthermé

   plan des défenses de l'istme de Monthermé établi par Jacques PARENT

  avec les positions et types de fortifications, des lignes de défense du Cdt VERDIER et la progression Allemande.

 

              

                            abri MOM                                                     Base bétonnée de la tourelle STG de la roche ROMA   

 

 

La défense de l’isthme, grâce aux lignes successives, permettra de bloquer les Allemands,  par des  contre attaques qui surprendront maintes fois la puissance offensive des attaquants qui reculeront et s’ arrêteront  sur ordre, au niveau de TERRE NOBLESSE, pâturage devant la dernière  ferme. Cloués au sol, ils s’enterreront, surpris par la virulence des tirs des défenseurs français.

Ils reprendront l’offensive avec l’arrivée des blindés qui ont traversé sur le pont de bateaux construit en amont du pont détruit. Ce pont de bateaux sera en partie détruit par une attaque aérienne composée de six bombardiers britanniques dont un sera abattu, et d’une escadrille de six chasseurs français dont deux seront abattus.                                           http://www.aerosteles.net/stelefr-montherme-munieraurtier

Un antichar de 20 mm amené sur la route de DEVILLE, à bras essaiera de réduire la tourelle STG, en haut de la falaise surplombant cette route. Une série d’obus seront tirés, en fait sur un leurre réalisé à la peinture sur la paroi rocheuse en dessous de  la tourelle qui reprendra ses tirs au travers de l’écran de fumée.

 

 le virage de la route de Deville, vue de l’emplacement de la tourelle STG, avec l’isthme de Monthermé au fond

VERDIER voit successivement ses lignes enfoncées par la puissance aérienne et mécanique de l’ennemi. Les tirs d’artillerie détruisent l’un après l’autre les mortiers du bois HUTIN, d’autant que l’artillerie française, faute de munitions, cesse le combat.

  

                                                                

 

 

La majorité des défenseurs de Monthermé seront fait prisonniers en essayant de rejoindre les lignes arrière très éloignées, car déjà refoulées par la jonction des percées de DINANT et SEDAN.

 

La fin de la visite nous a conduits au PC du Commandant VERDIER à environ 2 km en arrière de sa dernière ligne  et à environ 50 m à gauche de l’actuelle route de Charleville, c’est un abri de type rondin couvert de terre, composé d’au moins trois salles et vers la route à proximité une soute à munitions, l’ensemble desservi par un réseau de boyaux en partie couvert. Il n’en reste bien entendu que les excavations et quelques maçonneries

 

INFORMATIONS :

Pour les groupes amateurs d’HISTOIRE où simples curieux, une visite complètes guidées des sites est possible en contactant :

Office de Tourisme Communautaire des Boucles de Meuse et Semoy
Place Jean-Baptiste CLEMENT
BP 10
08800 MONTHERME

Téléphone : +33 (0) 3 24 54 46 73
Télécopie : +33 (0) 3 24 54 87 88

contact@meuse-semoy-tourisme.com

ou le CREHLOM

http://crehlom-08800-montherme.cabanova.com