La Première guerre mondiale
Les combats
Dès le 1er aout 1914, la mobilisation est effective ; les 800.000 hommes d’active se déploient entre Belfort et les Ardennes en arrière de
Cette guerre qui s’annonce « devait être courte » : n’a-t-on pas 800000 hommes décidés, plus trois millions de mobilisés, un fusil Lebel à 10 coups (mais à chargement lent du tube-chargeur de ces fameuses 10 cartouches !), et le meilleur canon du monde, dixit les Allemands :le canon Puteaux de
Les Allemands appliquent le plan Schlieffen : ils tournent l’armée française et ses forts par
Les Ardennes intéressent « peu » le haut-commandement français car on ne peut y déployer une armée entière dans les forêts et sur
Seules les grandes plaines à larges possibilités de déploiements et de mouvements, et surtout chez l’ennemi, ou chez les autres, sont considérées par Joffre..
Les Français, sûrs d’eux (« A Berlin, A Berlin !) attaquent à la baïonnette, furieusement (rien n’a changé depuis 1890, voir illustration page suivante) «on leur rentre dedans au pas de charge »(:sur Morhange, où c’est l’échec sanglant : les mitrailleuses allemandes sont « en avant, et dans les champs et pâtures, il y a des poteaux bariolés, plantés de-ci-delà , ce qui fait rigoler les Français qui partent à l’assaut ; ces poteaux sont les jalons des futurs tirs d’artillerie lourde allemande qui vont les écraser dans le quart d’heure qui suit !!!
Les Français avancent vers
Charleroi, les 21, 22, 23 Août : toujours les mêmes échecs sanglants, dans les mêmes embuscades-nasses ; des pointes allemandes (une division ou deux) s’infiltrent partout ; à Marville, le 10 Août, la 9eme Division de Cavalerie (6 régiments à cheval) charge vers Villers le Rond et les bois de Lagrange et rejette les ennemis à
Les adversaires cherchent à se tourner mutuellement, à s’envelopper, et les armées « montent» peu à peu vers
28 Août : à Signy l’Abbaye-la Gruerie et
Les Allemands sont passés maitres dans l’art de l’infiltration et de la dissimulation, face à la furie bravache des Français :vers le 20- 22 août, des régiments d’artillerie légère (canon Krupp de
Alice COSSON, témoigne, dans ses « notes journalières d’une femme de pasteur » : « J’étais là, telle chose advint » : (manuscrit de 30 pages non publié) :
Sedan , « 24 août 1914 :Les uhlans ont été atteints l’un après l’autre par des tireurs invisibles. Avant, ils avaient tiré sur plusieurs Sedanais en train de s’enfuir. Les traces du sang d’une pauvre femme sont restées longtemps incrustées sur le trottoir, devant le presbytère…28 Aout :…nous sentons une affreuse odeur de roussi. Cela vient, parait-il, des fermes où les allemands ont enfermé le bétail pour qu’il soit brûlé avec tout le reste ».
L' Occupation
Certains, Belges ou Français, ont pu partir et se réfugier plus au Sud.
Pour les populations qui n’ont pu s’enfuir, l’offensive étant trop rapide (et les Français sûrs d’eux, ayant invité les locaux à rester), ce sera : le recensement, les trombinoscopes de villages, de quartiers, de hameaux, le couvre-feu, les Ausweis, les cartes de circulation, le rationnement, la misère, des famines locales provoquées , le travail forcé, les réquisitions, les privations, (c’est là que l’on invente le Kriegs- Kartoffeln Brot : pain à base de farines diverses dont de pommes de terre ; d’où l’expression : « pain KK » ,dérivé en pain-caca, et par la suite: c’est du caca ;voilà tout simplement l’origine du mot familier « caca » les coups de trique, le cachot,
Comme il n’y a plus de monnaie, on émet des « bons communaux » à rembourser un an après la fin de la guerre…..Les Neutres, dont
Il y a un témoin privilégié de toutes ces déchéances: Marcel dit Jules MARENCO né en 1867, Econome au lycée Chanzy à Charleville, qui « d’août 14 à septembre 1917, glane, note, prend des photos , qu’il entasse dans son journal »( cité sur Internet) ; il arrête de noter en septembre 1917, en apprenant la mort de sa femme, économe elle aussi , mais au lycée de Reims, en zone française, décédée deux ans plus tôt, en 1915, sans qu’il le sache….)
Alice COSSON à Sedan, témoigne : Avril 1915 : « on nous ravitaille ridiculement. Pour un mois : une livre de semoule, une demi-livre de sel, une demi-livre de sucre ;…un peu d’avoine concassée ;….des boites, soit disant des haricots verts ; en fait, il s’agit de cosses de pois en lanières » …
Lucien SAUVAGE , né en 1908 et habitant à Montimont , va à l’école à Donchery, ou de moins ce qu’il reste de la ville ( et à pied) ; que peut-il faire en classe avec les autres élèves ? un peu de classe et beaucoup de bouteilles : récupérer les bouteilles de vin et bière, les laver, les empaqueter pour les renvoyer en Allemagne ; et ce, à grande cadence ! et si la cadence baisse, les coups de trique tombent .
Quand les Allemands estiment « avoir assez vu les civils Français » dans un endroit délicat, ils les déplacent, les « transportent», les laissant un mois durant dans un camp de transit, pour qu’ils ne puissent communiquer les noms et numéros des unités allemandes au Renseignement français, puis les expédient en France via
Les revues de troupes étaient faites par le Kronprinz, qui logeait à Charleville et au château de BEL-AIR (et fréquentait assidûment les « petites fleurs des rues », et ce qui portait légèrement jupons.),Ce même Kronprinz, affable, fait réunir la population de Nouzonville, et lui demande de bien accueillir ses troupes, d’être prévenant avec les blessés ; il distribue quelquefois des petites pièces en or aux enfants de 10-15 ans restant dans la ville ; puis tout ce monde est renvoyé cultiver les champs, ou couper des fougères pour les hôpitaux allemands (la fougère ne pourrissant pas et restant saine même sous l’urine des blessés sert à la fabrication des paillasses) ; ou couper des bois qui serviront à étayer les tranchées et abris allemands du front de Champagne. D’autres, vers les Crêtes, et près de Rethel ,Vouziers, Attigny, creusent le calcaire qui alimente les fours à ciment, pour construire blockhaus et retranchements allemands :douze heures de trime et deux soupes aux choux, plus un café « poussière » aux glands grillés le matin (et le pain K K !).
Les Allemands créent des centres de repos et convalescence, en France et en Belgique, et le moins possible en Allemagne, afin de ne pas démoraliser les civils; par contre, en France, les blessés sont «distribués » partout, jusqu’à Hendaye, Cannes, car « la guerre est nationale ; c’est la guerre du droit contre la barbarie», et les blessés remontent le moral des civils : « pourvu qu’ils tiennent ! –Qui çà ?- Ben les civils, pardi !» telle était une affiche représentant deux poilus dans la boue d’une tranchée, en 1918, et parlant des civils et l’arrière…C’est la première guerre psychologique avant, c’était surtout les armes qui parlaient ; là, ce sont les idées qui parlent !
Ils installent des hôpitaux, ainsi que des crématoriums, où ils brûlent les cadavres des soldats tués au feu, (comme chez les Grecs de l’Antiquité, mais quatre par quatre, liés par des bandes de fer, comme le dit Emile Verhaeren, dans « Invasion 14 », puis les restes sont mis dans des boites, ce qui explique que sur chaque croix figurent quatre noms).
Dès 1916, l’Allemagne impériale est au bord de l’asphyxie : devant les besoins de guerre, et le défaut de matières premières (bien que les Hollandais lui vendent beaucoup de produits), la hausse des prix, tel celui du tungstène, payé en or, qui a quadruplé, les Allemands démantèlent ou détruisent des usines, ateliers, voies ferrées, portes d’écluses.
( Anecdote : les portes manuelles d’écluses des canaux, aux Dames de Meuse, Pont à Bar Montgon ,etc, encore en place en 1970-1980, , venaient toutes des chantiers de Kiel, fournies après 1918 par les Allemands, au titre des réparations.et dommages de guerre.)
Donc, dès 1916, pour se procurer des métaux, ils pillent des statues en bronze, du cuivre, des chaudrons et casseroles, des cloches et des orgues : ceci, afin de faire les cartouches, les ceintures d’obus (bien que les Allemands utilisent l’aluminium). L’étain, allié faiblement au cuivre et laiton des cartouches, sert à ne pas cuivrer les chambres des fusils et canons, afin que les étuis et douilles ne « collent » pas ; donc on démonte les tuyaux d’étain des orgues, tel celui de Donchery, construit en 1702 par le facteur d’orgues BOIZARD : ses 52 tuyaux sont partis en Allemagne. Par chance, le petit frère de cet orgue, construit également par Boizard vers 1710, a été sauvé de la destruction : il se trouve encore, intact, à l’abbaye de St MICHEL-Hirson : avant chaque destruction-démontage des tuyaux en étain des orgues, un concert réunissant les officiers et l’état-major allemands du lieu était organisé, les Allemands étant très artistes ; lors du supposé dernier concert de l’orgue de St Michel, juste avant la fin du concert, et devant la magnificence des sonorités de cet orgue Boizard, le général allemand se leva, sortit de l’église, et ne signa jamais l’ordre de destruction du dit orgue de St Michel (il faut aller l’entendre et l’écouter :on reste collé à son siège !!!) ce qui fait qu’il existe, en ex-zone occupée :le DERNIER et UNIQUE orgue Boizard avec des sonorités des plus pures qui puissent exister (il faut aller l’entendre et l’écouter !).
Les Allemands craignent l’espionnage (pour les numéros, le nombre des régiments, leurs pertes, leur moral, etc) et ils craignent également…l’empoisonnement par les eaux de source (certainement prévu, par arsenic) ! A cet effet, afin que les eaux d’approvisionnement des troupes ne puissent être affectées par des poisons ,les Allemands construisent… des châteaux d’eau : la citerne en béton étant à 12
Des agents français sont déposés en avion et renseignent sur les unités avec des pigeons voyageurs ou autres (un agent fusillé en
Au Château de Sedan, est installé un camp de concentration (devenu hôtel de luxe) où 30000 résistants ou suspects belges et français vont croupir et certains mourir :sur le mur d’une latrine de muraille du château, est inscrit (entre autres graffitis) : « j’ai 16 ans, demain je vais être fusillé,16( ?) mai 1916 »
A la limite, la présence des civils gêne les Allemands, car la ligne de front est proche :50 à
Dans les villages, les Allemands s’entrainent : par exemple à Nouzonville, sur les bords de Meuse, ils jouent du lance-flamme, avant de partir sur VERDUN (il y a quarante ans, il m’a été dit, par de vieux ouvriers de la vallée de
Dès 1917, devant les problèmes qui commencent à sourdre en Allemagne (privations et misères chez les civils, à cause du blocus maritime, la seule porte étant les Pays-Bas qui en ont profité !!), le commandement allemand installe
Le 25 octobre 1918, le lieutenant d’aviation de chasse Roland GARROS est abattu en plein ciel de gloire au dessus de Saint –Morel/Vouziers, où il repose (il n’a jamais été tennisman ! mais champion cycliste en 1906 ,et, le 23 Septembre 1913,a relié
Libération :
Les troupes US montent par l’Argonne, Vouziers, Chatel-Chéhéry (épisode du Lost- Bataillon, épopée du sergent YORK, Octobre 1918 ; du 1er Novembre au 11: bataille de la forêt de Bourgogne(nord –Vouziers). les Américains rentrent à Sedan le 6 novembre, et les Français passent
Les réfugiés commencent à revenir, vivent dans les caves pendant un an, deux ans , ou s’installent dans des baraques (il en subsiste quelques-unes à Donchery) provenant des camps US ou Canadiens-australiens de Nantes,
Il faut tout reconstruire : les Allemands ont pratiqué la technique de la terre brûlée (ailleurs, dans une autre guerre, ils liquideront tout, par endroit) : construction de l’hôpital de Manchester, sur souscription publique de la ville de Manchester/G.B ; de la même façon que l’avenue de Toulon (et ses maisons), vient de souscriptions de la ville de Toulon, etc,
Les gares, postes, mairies sont en planches, et tout tient du bidonville géant ; les maisons- boutiques ressemblent aux villes du Far-West, décors films de cow-boys, comme on peut en voir à Reims , Vouziers ou Rethel (et ailleurs) , mais tout se reconstruit
Comme la main d’œuvre manque, les Italiens, avec femmes et enfants, passent en fraude par le col de
Dans le sud et en Champagne, on démine, on déterre les obus, ainsi que les dépouilles des tués (enfin, ceux qu’on retrouve !) et on installe des nécropoles ; on rebouche les tranchées, on nivelle, on remet en culture, ou on abandonne quand le terrain est trop plein d’obus non explosés et de corps : camp de Suippes et front de Champagne : 80.000 cadavres non retrouvés et des millions d’obus. Au Mont Cornillet, qui surplombe la plaine de Champagne et la route Reims-Chalons, se trouve un camp militaire, sur un ancien camp allemand, et ON savait qu’il restait des cadavres d’Allemands dans les galeries et sapes ,tués par les gaz et un obus de
Dans le même chapitre de la mort :à Givet , sous le bastion de
On démonte les voies ferrées tactiques allemandes pour réinstaller les voies ferrées civiles, et on construit la voie ferrée stratégique de Granpré à Dun et Damvillers, par le viaduc d’Ariethal- Apremont , voie qui n’a servi qu’une fois, aux essais, pour la prochaine !( V.F alimentant
SARDA Christian-Marie, Donchery, 3 Juillet 2008.
Le 25 Octobre 2008, à l’occasion du 90e anniversaire de la fin de
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