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La Première guerre mondiale

                                 

         LA GUERRE DE 14-18 DANS LES ARDENNES 

Les combats

Dès le 1er aout 1914, la mobilisation est effective ; les 800.000 hommes d’active se déploient entre Belfort et les Ardennes en arrière de la Ligne de Fer, ligne de forts, construite par le général  Séré de Rivières ; Raymond  Poincaré, président de la République, rassure : « la mobilisation n’est pas la guerre »…

 Cette guerre qui s’annonce « devait être courte » : n’a-t-on pas 800000 hommes décidés, plus trois millions de mobilisés, un fusil Lebel à 10 coups (mais à chargement lent du tube-chargeur de ces fameuses 10 cartouches !), et le meilleur canon du monde, dixit les Allemands :le canon Puteaux de 75 mm, précis, rapide, léger(les Allemands l’ont constaté en 1900, lors des «  55 jours de Pékin »,contre les armées chinoises et les Boxers, qui assiégeaient les légations de Pékin).

 Les Allemands appliquent le plan Schlieffen : ils tournent l’armée française et ses forts par la Belgique, neutre, en fusillant les civils belges à qui mieux-mieux.(un millier en trois jours).

  Les Ardennes intéressent « peu » le haut-commandement français car on  ne peut y déployer une armée entière dans les forêts et sur la Meuse encaissée : »les Allemands s’arrêteront à la Meuse » dit-on, dans les états-majors et les rues de Charleville !

  Seules les grandes plaines à larges possibilités de déploiements et de mouvements, et surtout chez l’ennemi, ou chez les autres, sont considérées par Joffre..

Les Français, sûrs d’eux (« A Berlin, A Berlin !) attaquent à la baïonnette, furieusement (rien n’a changé depuis 1890, voir illustration page suivante)  «on leur rentre dedans au pas de charge »(:sur Morhange, où c’est l’échec sanglant : les mitrailleuses allemandes sont  « en avant, et dans les champs et pâtures, il y a des poteaux bariolés, plantés de-ci-delà , ce qui fait rigoler les Français qui partent à l’assaut ; ces poteaux sont les jalons des futurs tirs d’artillerie lourde allemande qui vont les écraser dans le quart d’heure qui suit !!!

 

  Les Français avancent vers la Belgique : le Corps d’armée colonial, unités d’élite, venant de Carignan, en marche (non couverte et non éclairée !) vers Neufchateau, se fait écraser à Tintigny-Rossignol-les Bulles-Habay :la  3em Division d’Infanterie Coloniale, prise dans une embuscade-nasse par trois divisions allemandes, a presque 2500 tués ce matin du 22 Août 1914 ! Les villageois belges qui avaient soigné les blessés (et non, aidé les soldats) sont déportés au Luxembourg, et 176 personnes seront fusillées le surlendemain !

  Charleroi, les 21, 22, 23 Août : toujours les mêmes échecs sanglants, dans les mêmes embuscades-nasses ; des pointes allemandes (une division ou deux) s’infiltrent partout ; à Marville, le 10 Août, la 9eme Division de Cavalerie (6 régiments à cheval) charge vers Villers le Rond  et les bois de Lagrange et rejette les ennemis à la Chiers. ; cette 9eme division de cavalerie finira par être chassée par l’artillerie lourde allemande de Marville et  ses environs le 25 Août, et quelques civils seront fusillés dans les parages…. 

 Les adversaires cherchent à se tourner mutuellement, à s’envelopper, et les armées « montent» peu à peu vers la Manche et la Mer du Nord, continuant la Bataille des Frontières :le Lieutenant FOCH ( fils du général) est tué à Villers la Chèvre (nord Longuyon)…. 20 tués à Mont devant SASSEY (Dun sur Meuse) ;….une quarantaine à Lucy sur Meuse ;19 civils fusillés à Olisy sur Meuse ;…Combats de la Marfée, où les Bretons chargent en pantalons rouges, à large ceinture, chemises blanches ou écrues, plus brelages et cartouchières par-dessus la chemise, bras nus, car il fait très chaud ces 25 et 26 août 1914 ! Ils ont laissé leurs capotes, leurs sacs, et leurs papiers d’identité en arrière, pour cause de poids et canicule : cela fera autant de morts anonymes qu’on mettra en fosses communes, en tas ! ils avaient quitté Bouillon, en retraite, la veille, talonnés par l’artillerie allemande (toujours lourde !). Un bataillon d’infanterie s’installe dans la ville de Donchery, entre ses vieux remparts des 15e et 17e siècle,  sur les bords bucoliques de la Meuse, et sur la colline de la Croix-Piot ; les fantassins tiennent en échec une division d’infanterie allemande, qui ne peut ainsi passer la Meuse ;la ville est écrasée par les obus de 220 mm ;les Français s’en vont, et la ville ou du moins ce qu’il en reste est livrée aux flammes ;quelques vieilles personnes qui étaient restées sur place sont fusillées !

 28 Août : à Signy l’Abbaye-la Gruerie et la Fosse à l’Eau : une stèle perdue dans la nature et les betteraves rappelle que 600 tirailleurs marocains et 250 « braven Saxens » sont morts là en une journée !  28 Août : la garnison de Montmédy, menacée d’enveloppement, laisse munitions et mitrailleuses dans la citadelle et retraite rapidement : elle se fait écraser à Brandeville !et 400 prisonniers français sont fusillés ,massacrés; etc, etc…Le fort des Ayvelles, datant des années 1885,est abandonné sans combat, après un méli-mélo d’ordres ; son commandant reviendra sur place et se suicidera de désespoir, sans avoir combattu.

  Les Allemands sont passés maitres dans l’art de l’infiltration et de la dissimulation, face à la furie bravache des Français :vers le 20- 22 août, des régiments d’artillerie légère (canon Krupp de 77 mm) passent, roues des pièces et des caissons, et sabots des chevaux bandés et emmitouflés, pour faire moins de bruit, par les petits chemins- frontières :route de Bagimont, à Gespunsart, route du Sugnon, chemin et voie ferrée de la Hatrelle, etc, etc ;et ils poussent également devant eux des réfugiés (et des agents –espions en civil) Dès la fin Août 1914, les Ardennes sont entièrement envahies et ce jusqu’à la fin 1918, seul département français complètement sous le joug ennemi (sauf un bout de terrain vers Vienne le Château) .

Alice COSSON, témoigne, dans ses « notes journalières d’une femme de pasteur » : « J’étais là, telle chose advint » : (manuscrit de 30 pages non publié) :

 Sedan , « 24 août 1914 :Les uhlans ont été atteints l’un après l’autre par des tireurs invisibles. Avant, ils avaient tiré sur plusieurs Sedanais en train de s’enfuir. Les traces du sang d’une pauvre femme sont restées longtemps incrustées sur le trottoir, devant le presbytère…28 Aout :…nous sentons une affreuse odeur de roussi. Cela vient, parait-il, des fermes où les allemands ont enfermé le bétail pour qu’il soit brûlé avec tout le reste ».

      

L' Occupation

 

Certains, Belges ou  Français, ont pu partir et se réfugier plus au Sud.

Pour les populations qui n’ont pu s’enfuir, l’offensive étant trop rapide (et les Français sûrs d’eux, ayant invité les locaux à rester), ce sera : le recensement, les trombinoscopes de villages, de quartiers, de hameaux, le couvre-feu, les Ausweis, les cartes de circulation, le rationnement, la misère, des famines locales provoquées , le travail  forcé, les réquisitions, les privations, (c’est là que l’on invente le Kriegs- Kartoffeln  Brot  : pain à base  de farines diverses dont de pommes de terre ; d’où l’expression : «  pain KK » ,dérivé en pain-caca, et par la suite: c’est du caca  ;voilà tout simplement l’origine du mot familier « caca »  les coups de trique, le cachot, la Kommandantur de village (chaque village a ses vétérans allemands, pour garder, surveiller, certains armés du vieux et premier Mauser modèle 1871 à poudre noire et balle de plomb de 11 mm, tels certains retrouvés à Nouvion sur Meuse, il y a une quarantaine d’années !); il y a aussi le travail obligatoire agricole, pour faire des choux, ou des raves ou des patates (direction le front de Champagne ou bien l’Allemagne),et les amendes, et les pillages, et quelquefois la prostitution forcée dans les villes d’étape de l’armée impériale.

 Comme il n’y a plus de monnaie, on émet des « bons communaux » à rembourser un an après la fin de la guerre…..Les Neutres, dont la Suisse, alimentent comme ils le peuvent tous ces malheureux  crève-la-faim,  sujets à toutes les privations, toutes les maladies, toutes les misères.

 

 Il y a un témoin privilégié de toutes ces déchéances: Marcel dit Jules MARENCO né en 1867, Econome  au lycée Chanzy à Charleville, qui « d’août 14 à septembre 1917, glane, note, prend des photos , qu’il entasse dans son journal »( cité  sur Internet) ; il arrête de noter en septembre 1917, en apprenant la mort de sa femme, économe elle aussi , mais au lycée de Reims, en zone française, décédée deux ans plus tôt, en 1915, sans qu’il le sache….)

  Alice COSSON à Sedan, témoigne : Avril 1915 : « on nous ravitaille ridiculement. Pour un mois : une livre de semoule, une demi-livre de sel, une demi-livre de sucre ;…un peu d’avoine concassée ;….des boites, soit disant des haricots verts ; en fait, il s’agit de cosses de pois en lanières » …

 

   Lucien SAUVAGE , né en 1908 et habitant à Montimont , va à l’école à Donchery, ou de moins ce qu’il reste de la ville ( et à pied) ; que peut-il faire en classe avec les autres élèves ? un peu de classe et beaucoup de bouteilles : récupérer les bouteilles de vin et bière, les laver, les empaqueter pour les renvoyer en  Allemagne ; et ce, à grande cadence ! et si la  cadence baisse, les coups de trique tombent .

 

Quand les Allemands estiment « avoir assez vu les civils Français » dans un endroit délicat,  ils les déplacent, les « transportent», les laissant un mois durant dans un camp de transit, pour qu’ils ne puissent communiquer les noms et numéros des unités allemandes au Renseignement français, puis les expédient en France via la Suisse, où ils sont «  parqués » par ce même Renseignement , puis dispersés, et ils doivent se  débrouiller pour manger ; bien entendu ,les hommes susceptibles d’être soldat sont déportés.(« Invasion 14 »,cité).Les officiers  allemands choisissent pour s’y installer « les bonnes maisons », hôtels particuliers ou demeures bourgeoises de Charleville et de Sedan,  telle la maison sise boulevard Gambetta, à Charleville, appartenant au docteur Vassal (où, par ailleurs ,ils reviendront vingt ans plus tard ,car «c’était, une bonne maison »,dixit feu le docteur Pierre Vassal ,fils du précédent ) .

 

 

Les revues de troupes étaient faites par le Kronprinz, qui logeait à Charleville et au château de BEL-AIR (et fréquentait assidûment les « petites fleurs des rues », et ce qui portait légèrement jupons.),Ce même Kronprinz, affable, fait réunir la population de Nouzonville, et lui demande de bien accueillir  ses troupes, d’être prévenant avec les blessés ; il distribue quelquefois des petites pièces en or aux enfants de 10-15 ans restant  dans la ville ; puis tout ce monde est renvoyé  cultiver les champs, ou   couper des fougères pour les hôpitaux allemands (la fougère ne pourrissant pas et restant saine  même sous l’urine des blessés  sert à la fabrication des paillasses)  ; ou  couper des bois qui serviront à étayer les tranchées et abris allemands du front de Champagne. D’autres, vers les Crêtes, et près de Rethel ,Vouziers, Attigny, creusent   le calcaire qui alimente les fours à ciment, pour construire blockhaus et retranchements allemands :douze heures de trime et deux soupes aux choux, plus un café « poussière » aux glands grillés le matin (et le pain K K !).

 

Les Allemands créent des centres de repos et convalescence, en France et en Belgique, et le moins possible en Allemagne, afin de ne pas démoraliser les civils; par contre, en France, les blessés sont «distribués » partout, jusqu’à Hendaye, Cannes, car « la guerre est nationale ; c’est la guerre du droit contre la barbarie», et les blessés remontent le moral des civils : « pourvu qu’ils tiennent ! –Qui çà ?- Ben les civils, pardi !» telle était une affiche représentant deux poilus dans la boue d’une tranchée, en 1918, et parlant des civils et l’arrière…C’est la première guerre psychologique  avant, c’était surtout les armes qui parlaient ; là, ce sont les idées qui parlent !

Ils installent des hôpitaux, ainsi que des crématoriums, où ils brûlent les cadavres des soldats tués au feu, (comme  chez les Grecs  de l’Antiquité, mais quatre par quatre, liés par des bandes de fer, comme le dit Emile Verhaeren, dans « Invasion 14 »,  puis les restes sont mis dans des boites, ce qui explique que sur chaque croix figurent quatre noms).

 

Dès 1916, l’Allemagne impériale est au bord de l’asphyxie : devant les besoins de guerre, et le défaut de matières premières (bien que les Hollandais   lui  vendent beaucoup de produits), la hausse des prix, tel celui du tungstène, payé en or, qui a quadruplé, les Allemands démantèlent ou détruisent des usines, ateliers, voies ferrées, portes d’écluses.

( Anecdote : les portes manuelles  d’écluses des canaux, aux Dames de Meuse, Pont à Bar Montgon  ,etc, encore en place en 1970-1980, , venaient toutes des chantiers de Kiel, fournies après 1918 par les Allemands, au titre des réparations.et dommages de guerre.)

Donc, dès 1916, pour se procurer des métaux, ils pillent des statues en bronze, du cuivre, des chaudrons et casseroles, des cloches et des orgues : ceci, afin de faire les cartouches, les ceintures d’obus (bien que les Allemands utilisent l’aluminium). L’étain, allié faiblement au cuivre et laiton des cartouches, sert à ne pas cuivrer les chambres des fusils et canons, afin que les étuis et douilles ne « collent » pas ; donc on démonte les tuyaux d’étain des orgues, tel celui de Donchery, construit en 1702 par le facteur d’orgues BOIZARD : ses 52 tuyaux sont partis en Allemagne.  Par chance, le petit frère de cet orgue, construit également par Boizard vers 1710,  a été sauvé de la destruction : il se trouve encore, intact, à l’abbaye de St MICHEL-Hirson : avant chaque destruction-démontage des tuyaux en étain des orgues, un concert réunissant les officiers et l’état-major allemands du lieu était organisé, les Allemands étant très artistes ; lors du supposé dernier concert de l’orgue de St Michel, juste avant la fin du concert, et devant la magnificence des sonorités de cet orgue Boizard, le général allemand se leva, sortit de l’église, et ne signa jamais l’ordre de destruction du dit orgue de St Michel (il faut aller l’entendre et l’écouter :on reste collé à son siège !!!) ce qui fait qu’il existe, en ex-zone occupée :le DERNIER et UNIQUE orgue Boizard  avec des sonorités des plus pures qui puissent exister (il faut  aller l’entendre et l’écouter !).

 

Les Allemands craignent l’espionnage (pour les numéros, le nombre des régiments, leurs pertes, leur moral, etc) et ils craignent également…l’empoisonnement par les eaux de source (certainement prévu, par arsenic) ! A cet effet, afin que les eaux d’approvisionnement des troupes ne puissent être affectées par des poisons ,les Allemands construisent… des châteaux d’eau : la citerne en béton étant à 12 -15 mètres de haut, donc hors d’atteinte des empoisonneurs éventuels ! (Il n’y a JAMAIS eu de châteaux d’eau en Allemagne ;çà n’est qu’une construction temporaire de guerre, réalisée pour les nécessités de l’armée allemande ; mais après la guerre, les Français , « pour faire bien » et pour avoir plus de confort, adopteront ce système de châteaux d’eau visibles de loin , même si le village peut avoir une cuve à eau enterrée au sommet d’une colline, donc discrète. Les seuls châteaux d’eau allemands sont ceux qui approvisionnent les cuves à eau des tenders de locomotives à vapeur, sur les voies ferrées).

 La Gazette des Ardennes  voit le jour.

 Des agents français sont déposés en avion et renseignent sur les unités avec des pigeons voyageurs ou autres (un agent fusillé en 1915 a une rue qui porte son nom à Charleville) ; arrestations, interrogatoires, suspicion, menaces pour trouver les agents français infiltrés sont le lot commun ; les gens occupés ne sont :rien !

  Au Château de Sedan, est installé un camp de concentration (devenu hôtel de luxe)  où 30000  résistants ou suspects belges et français vont croupir et certains mourir :sur le mur d’une latrine de muraille du château, est inscrit (entre autres graffitis) : « j’ai 16 ans, demain je vais être fusillé,16( ?) mai 1916 »

 

  A la limite, la présence des civils gêne les Allemands, car la ligne de front est proche :50 à 80 kilomètres Le front de guerre n’est qu’au sud du département, à Vienne le Château, Bois de la Gruerie (au Camp Moreau, camp allemand, où de 1914 à mi 1915 a séjourné le lieutenant Erwin Rommel, qui est parti capitaine sur le font austro-italien, où il participera à la défaite italienne de Caporetto, dans laquelle il fera, avec sa compagnie entre 2000 et 3000 prisonniers !)

 

  Dans les villages, les Allemands s’entrainent : par exemple à Nouzonville, sur les bords de Meuse, ils jouent du lance-flamme, avant de partir sur VERDUN (il y a quarante ans, il m’a été dit, par de vieux ouvriers  de la vallée de la Semois, qu’à Monthermé, lors  des bombardements  allemands sur VERDUN , les (rares) vaisselles tintaient dans les placards et buffets) : Verdun, à vol d’oiseau, n’est qu’à 65 km de Sedan, et les vibrations et ondes sont perceptibles. les  Allemands, approvisionnés par leur gare de Peuvillers, n’ont tiré sur les 20 km du champ de bataille,  en forme de croissant, de Verdun, QUE 65 Millions d’obus de gros calibres : 150,220 305 et quelques 385 et 420 mm, les autres coups, tels que 77 mm 105 mm n’étant pas comptabilisés ! A titre d’exemple : le fort de Moulainville a reçu dessus et autour 200 coups de 420mm !  Remarque : un obus sur 10  n’explose pas à l’arrivée : terrain trop mou, déséquilibrage, tournoiements , fusée d’amorçage coincée , etc ; il en reste donc, dans le sol ,un sur dix, dans une enveloppe d’acier plus ou moins épaisse; durées de vie annoncées : 700 ans ;pour les spécialistes(et moi) :deux à trois millénaires (un milliard d’obus en tous genres a été tiré entre 1914 et 1918).

 

Dès 1917, devant les problèmes qui commencent à sourdre en Allemagne (privations et misères chez les civils, à cause du blocus maritime, la seule porte étant les Pays-Bas qui en ont profité !!), le commandement allemand  installe la Ligne Hindenburg, dans le sud : Cunel, Dun, Buzancy, ST Juvin, Apremont, Rethel, etc :le blockhaus blanc au dessus de la RN 51 et autoroute, au nord de Rethel, en fait partie ; comme d’autres, invisibles et au ras du sol et dans les betteraves, tant à droite qu’à gauche (il faut mouiller sa chemise et se crotter pour aller les voir et quelquefois se faire chasser bruyamment par les locaux !!) ; la conception de la Ligne MAGINOT découlera,10 ans  plus tard, de ces systèmes de fortifications). La ligne Hindenburg court sur 800 KM du sud-est jusqu’à la Manche, et est doublée et même triplée en épaisseur, par endroits.

 

 Le 25 octobre 1918, le lieutenant d’aviation de chasse Roland  GARROS est abattu en plein ciel de gloire au dessus de Saint –Morel/Vouziers, où il repose (il n’a jamais été tennisman ! mais champion cycliste en 1906 ,et, le 23 Septembre 1913,a relié la Côte d’Azur à Bizerte ,en Tunisie, par un vol en « avion » de plus de sept heures).

 

 

Libération :

 

 Les troupes US montent par l’Argonne, Vouziers, Chatel-Chéhéry (épisode du Lost- Bataillon, épopée du sergent YORK, Octobre 1918 ; du 1er Novembre au 11: bataille de la forêt de Bourgogne(nord –Vouziers). les Américains rentrent à Sedan le 6 novembre, et les Français passent la Meuse à Flize, Vrigne-Meuse les 9,10 novembre, et la guerre meurt le 11 novembre à 11 h au Signal, à Vrigne-Meuse.

 Les réfugiés commencent à revenir, vivent dans les caves pendant un an, deux ans , ou s’installent dans des baraques (il en subsiste quelques-unes à Donchery) provenant des camps US ou Canadiens-australiens de Nantes, La Rochelle. L’aide alimentaire aux populations est faite par les USA et le Commonwealth : Par exemple, les pommes de terre viennent, en particulier, du Canada, d’où l’usage local, dans les Ardennes, de les appeler, « les canadas », alors qu’il n’y a jamais eu de variété Canada !

 Il faut tout reconstruire : les Allemands ont pratiqué la technique de la terre brûlée (ailleurs, dans une autre guerre, ils liquideront tout, par endroit) : construction de l’hôpital de Manchester, sur souscription publique de la ville de Manchester/G.B ; de la même façon que l’avenue de Toulon (et ses maisons), vient de souscriptions de la ville de Toulon, etc,  

Les gares, postes, mairies sont en planches, et tout tient du bidonville géant ; les maisons- boutiques ressemblent aux  villes du Far-West, décors films de cow-boys, comme on peut en voir à Reims , Vouziers ou Rethel (et ailleurs) , mais tout se reconstruit 

Comme la main d’œuvre manque, les Italiens, avec femmes  et enfants,  passent  en fraude par le col de la Lombarde (et les autres) leur « cachola » dans le sac à dos, pour reconstruire la France. On redresse certains bâtiments d’usine, les Américains envoient des tours, des fraiseuses, des raboteuses…Voilà pourquoi, jusqu’à l’apparition des machines modernes , électroniques, les usines avaient des « rututus » et des « rossignols » de marque Cincinatti ou Michigan ,etc.

 Dans le sud et en Champagne, on démine, on déterre les obus, ainsi que les dépouilles des tués (enfin, ceux qu’on retrouve !) et on installe des nécropoles ; on rebouche les tranchées, on nivelle, on  remet en culture, ou on abandonne quand le terrain est trop plein d’obus  non explosés et de corps : camp de Suippes et front de Champagne : 80.000 cadavres non retrouvés et des millions d’obus. Au Mont Cornillet, qui surplombe la plaine de Champagne et la route Reims-Chalons, se trouve un camp militaire, sur un ancien camp allemand, et ON savait qu’il restait des cadavres d’Allemands dans les galeries et sapes ,tués par les gaz et un obus de 400 mm français qui avait pénétré dans le réseau des sapes par une cheminée d’aération. Il y a deux ou trois ans, des équipes de spéléos et des militaires tant allemands que français ont pénétré dans les entrailles du Mont Cornillet : horreur, dès le premier bouchon de roches et terre enlevé, ils ont trouvé :un « paquet «  de 695 jeunes soldats allemands, enchevêtrés , le masque à gaz sur le visage ! L’explosion de l’obus de 400 mm tombé par la cheminée les avait tués, par la surpression, tous les 695 d’un seul coup.

 Dans le même chapitre de la mort :à Givet , sous le bastion de la Reine au fort de Charlemont, à la suite d’un coup au but d’un obus de 305 mm allemand, ,reposent encore ,depuis Août 1914 ,27 soldats français ).

On démonte les voies ferrées tactiques allemandes pour réinstaller les voies ferrées civiles, et on construit la voie ferrée stratégique de Granpré à Dun et Damvillers,  par le viaduc d’Ariethal- Apremont , voie qui n’a servi qu’une fois, aux essais, pour la prochaine !( V.F alimentant la Ligne Maginot, secteurs de Marville et Montmédy).

 

   SARDA Christian-Marie, Donchery,  3 Juillet 2008.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 25 Octobre 2008, à l’occasion du 90e anniversaire de la fin de la Grande Guerre, Gerald DARDART fera une conférence sur l’occupation allemande dans la région.

 

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