mai 1940. L'exode : témoignages

Témoignages recueillis en 2009

 

 

 

Pendant la Drôle de Guerre

 En 40, au café de le Gare  on  ne parlait que du « dictateur Hitler », qui faisait peur, et de la guerre « il y a longtemps que les Allemands se préparent à la guerre », mais sans croire une invasion possible « ils ne passeront pas…l’armée est prête : regardez les blockhaus… » (Anonyme)

Nous étions persuadés que les A1lemands  « ne passeraient pas » et avions confiance dans la Ligne Maginot, dont les derniers blockhaus étaient occupés par nos soldats.   Mireille DOMMANGE

Tous les samedis et dimanches, des bals étaient organisés à la salle des fêtes par les soldats cantonnés à Donchery, souvent logés chez l’habitant. Charles Rigoulot, célèbre haltérophile et catcheur, qui logeait chez mes parents avec sa femme (et qui a été fait prisonnier à La Croix Piot) animait ces fêtes.  Marie Louise TOUSSAINT

On s’amusait beaucoup dans  les bals et les fêtes  fréquentés par les soldats, qui étaient nombreux à être logés chez l’habitant, parfois au grenier. (anonyme)

 

 

Avant le 10 mai 1940

En 39   Nous étions inconscients de la situation, malgré la présence des soldats dans les blockhaus Henri WELTER

Nous écoutions la radio, les rumeurs, voyions passer des avions, mais n’avons reçu aucune instruction.

Dès le 9 mai, Maman et moi avons pensé à faire quelques paquets   Mireille DOMMANGE

Dès le 9 mai 40, le maire  fait évacuer les personnes âgées (une bonne dizaine) dans une maison de retraite à Ménigote ( Deux Sèvres)  (Anonyme)

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Le 10 mai 40,

Le 10 mai, le tocsin entraine une grande agitation « on va être bombardés ». L’ordre est donné d’évacuer immédiatement (Anonyme)

Le 10 mai, ordre est donné d’évacuer, et de déposer à la mairie des caisses qui suivront…mais bien sûr, qui ne sont jamais arrivées     Mireille DOMMANGE

 

 Le tocsin a réveillé mes parents. Leur premier souci était de trouver quelqu’un qui pourrait aller à Vrigne-Meuse chercher ma Grand’mère qui habitant chez ses neveux.

Nous sommes partis à pied avec un cultivateur,  suivant  un chariot et  un tombereau tirés par 4 chevaux, dont une jument prête à pouliner, et 3 vaches laitières. Deux jours plus tard, à Vandy, le poulain était transporté dans le tombereau.

Nous croisions des militaires qui montaient vers le Nord, et à Saint Aignan, avons été mitraillés par des avions que nous avons crus  Italiens ! A La Cassine, où nous avons fait notre 1e étape, ne nombreux travailleurs espagnols posaient des barbelés. Henri WELTER

 

 

 Ma mère faisait la navette entre Donchery et Quatre-Champs  où elle transportait dans sa voiture les pensionnaires de l’hospice   : au 3e retour, elle n’a pu traverser le pont qui venait d’être détruit. Elle est  passée nous prendre chez nos grands-parents à Chémery. (le 12 ?) Pierre LEBEGUE

 

. Nous sommes partis avec M Gilles, qui avait pris ma mère dans sa charrette tirée par deux chevaux, tandis que ma sœur (13 ans) mon frère (11 ans) et moi suivions à vélo. Nous avons passé la nuit chez des habitants de Sauville qui nous ont offert un lit.       Mireille DOMMANGE

 

 

 

J’avais 5 ans et demi.
Le 10 mai 40, peu avant 6h du matin, j’ai été réveillée par des employés de la mairie : « réveille-toi, lève-toi vite, il faut partir tout de suite ». Je me suis habillée très vite, et, pendant que Maman et Grand’mère préparaient ma petite sœur et mon petit cousin, âgés de 9 et 13 mois, et entassaient ce qu’elles pouvaient au fond des landaus, j’ai attendu dans l’allée, seule près des narcisses en fleurs dont l’odeur m’est restée,  tandis que des avions ne cessaient de passer dans le ciel.
Nous sommes partis à pied, Maman et Grand’mère, en pantoufles,  poussant chacune un landau. Quand je me suis aperçue que j’avais oublié ma poupée, il était trop tard pour revenir la chercher. La chienne a refusé de nous suivre, nous avons dû l’abandonner ! Francine BIELLI-BLANCHARD

 

Nous partons, mes parents, mon frère de 18 ans et moi, 19 ans, à pied, suivant M Stévenin  cultivateur, emportant dans son chariot des poules, des lapins et ses deux chiens, direction le Sud, sans destination…
Dans la journée, nous devons à plusieurs reprises nous précipiter dans les fossés à l’arrivée d’avions bombardant les colonnes de réfugiés. A Quatre Champs, nous nous abritons  pour la nuit dans une grange…et sommes réveillés par les bombes qui tombent sur la grange : mon manteau est déchiré, Monsieur Robert Courtois perd  une jambe et huit personnes de Donchery y  laissent la vie.   (Anonyme)

 

Nous croisions des militaires qui montaient vers le Nord, et à Saint Aignan, avons été mitraillés par des avions que nous avons crus  Italiens ! Henri WELTER

 

Le 10 mai 40, le tocsin, et le garde-champêtre qui sillonnait les rues nous ont réveillés de très bonne heure, avec ordre de rassemblement à la Mairie. Mes parents et mes 7 frères et sœurs ont pu monter sur une remorque, tandis que   ma tante et moi   suivions  à pied. En route, nous avons dû à plusieurs reprises nous précipiter dans les fossés sous les bombardements.  Nous  avons retrouvé nos parents  le soir à Quatre Champs, où nous avons passé la nuit dans un baraquement. Un frère et un cousin étaient logés dans une grange qui a été bombardée le lendemain matin: mon frère est sorti juste avant le bombardement, mais mon cousin a été tué, et une amie a été blessée. Marie Louise TOUSSAINT

 

Le 10 mai 40, l’ordre avait été donné d’évacuer, mais mon Grand-père avait jugé que la situation ne justifiait pas un départ si rapide. Mes grands-parents, ma mère, ma tante et moi (4 ans et demi)  avons quitté Donchery  le 11 mai. Nous avons déposé à la mairie des bagages qui devaient être expédiés au train, mais qui ne sont jamais arrivés.
Nous avons retrouvé de nombreux Ardennais à Quatre-Champs, où nous avons passé la nuit dans une grange, sur la paille, avec des couvertures. Très tôt le lendemain, des avions ont bombardé le village : une partie de la grange s’est écroulée : mes grands-parents  ont été tués sur le coup, et ma mère m’a retrouvée sous les gravats grâce à mes chaussures vernies rouges.  Danièle CICERON

 

 

 

   10 mai 40 : « on est obligés de partir » : on fourre ce qu’on peut dans un landau,  (en oubliant les bijoux que l’on avait portant rassemblés au moment de la fausse évacuation de 39).Ma mère, deux oncles et deux tantes, ma sœur de 18 ans, mariée, dont le mari est mobilisé, mon frère de 10 ans et moi partons à pied. Les avions nous obligent souvent à nous précipiter dans les fossés, et nous dormons dans les bois.
A Quatre-Champs, nous passons la nuit dans une grange : à 4h du matin, un coq nous réveille… et puisque nous sommes réveillés, nous reprenons la route, juste avant le bombardement de la grange.
Le coq nous a sauvé la vie !

Nous continuons à pied jusqu’à Reims, où nous sommes pris en charge par la Croix Rouge, qui nous envoie en train dans les Deux Sèvres, où nous restons un an et demi. (Anonyme)

 

 

A l’entrée de Quatre Champs, des soldats français nous ont donné des brins de muguet pour nous porter bonheur.
Nous avons été hébergés dans une maison verte à la sortie du village : nous avons ainsi échappé au bombardement de la grange où plusieurs habitants de Donchery ont été tués ou blessés
Le lendemain, toujours à vélo, nous avons continué notre route  vers Reims : au carrefour de Mazagran, où nous avons  rejoint les importantes colonnes de réfugiés venant de Charleville,  nous avons été mitraillés et  nous avons dû nous cacher dans les fossés.   Mireille DOMMANGE

 

 

La plupart des habitants de Donchery avaient des voitures à cheval, et Monsieur Lebègue a bien voulu m’installer à l’arrière de sa charrette : assise là, jambes pendantes, je ne quittais pas des yeux Maman et Grand’mère, qui suivaient à pied en poussant les landaus, mais j’étais paniquée quand, après un sommet de côte, je les perdais de vue.
Je me souviens que nous nous sommes jetés dans le fossé,  tandis que des avions passaient très bas. Nous sommes ainsi arrivés à Quatre-Champs, à 40 km de Donchery. Francine BIELLI-BLANCHARD